Tensions croissantes dans le détroit de Taïwan
Le ministère de la Défense de Taïwan a signalé le 27 février un chiffre alarmant : 45 aéronefs chinois détectés en l’espace de 24 heures. Cet événement marque un record pour l’année 2024 et constitue le plus grand nombre d’avions chinois repérés depuis le 11 décembre 2023. Le communiqué officiel du ministère évoque une intensification des opérations militaires chinoises autour de l’île, alimentant ainsi les tensions déjà vives entre Pékin et Taipei.
La réaction du gouvernement taïwanais ne s’est pas fait attendre. Le palais présidentiel a condamné ces incursions en les qualifiant de « provocation flagrante ». Cette déclaration fait écho à la montée des préoccupations de Taïwan face aux activités militaires de la Chine, qui incluent des exercices militaires sans préavis dans des zones proches de l’île. Juste la veille, le ministère taïwanais de la Défense avait rapporté des « exercices à tirs réels » menés par Pékin à environ 74 kilomètres au sud de l’île.
La situation soulève des inquiétudes quant à la sécurité régionale, poussant Taipei à mobiliser ses forces aériennes, terrestres et navales. Les autorités taïwanaises ont appelé la communauté internationale à porter une attention accrue à la sécurité dans le détroit de Taïwan et à condamner les actions de la Chine, perçues comme des violations des normes internationales.
Contexte géopolitique et implication internationale
L’escalade actuelle des tensions est le reflet d’une évolution plus large des rapports de force dans la région. La Chine, qui considère Taïwan comme une province rebelle, a multiplié ces dernières années les déploiements d’aéronefs militaires et de navires de guerre à proximité de l’île. Pékin n’a jamais écarté la possibilité d’utiliser la force pour reprendre le contrôle de Taïwan, une position qui est perçue avec un mélange d’inquiétude et de scepticisme par la communauté internationale.
Le gouvernement chinois, par l’intermédiaire de son ministère des Affaires étrangères, a fait preuve d’une certaine retenue dans ses réactions aux déclarations taïwanaises. Le porte-parole a limité ses commentaires à l’affirmation que la Chine a mis en place une zone d’exercice pour « l’entraînement au tir ». Cette réticence pourrait être une tentative de limiter l’escalade verbale tant avec Taïwan qu’avec les États-Unis, qui ont toujours maintenu une posture d’ « ambiguïté stratégique » concernant leur intervention potentielle en cas d’attaque.
Les États-Unis, traditionnellement un allié de Taïwan, se trouvent dans une position délicate. D’un côté, ils soutiennent l’auto-défense de l’île, de l’autre, ils cherchent à éviter une confrontation directe avec la Chine. Cette ambiguïté, qui a été une pierre angulaire de la politique étrangère des États-Unis, vise à dissuader Beijing de toute action militaire contre Taïwan sans toutefois explicitement garantir une réponse militaire en cas d’attaque.
Les tensions se manifestent également sur le plan maritime. Le 26 février, les garde-côtes taïwanais ont intercepté un navire chinois après qu’un câble sous-marin de télécommunications a été sectionné près de l’archipel taïwanais de Penghu. Cet incident a suscité des inquiétudes croissantes, car des suspicions pèsent sur la possible implication d’un cargo chinois dans cet acte de sabotage. Au cours de l’année précédente, des cas similaires avaient déjà été signalés, augmentant les craintes à Taipei d’une campagne de déstabilisation