Les autorités du Mali suspendent la chaîne LCI : les enjeux de la liberté de la presse en Afrique de l’Ouest
Les autorités maliennes ont pris la décision de suspendre la chaîne d’information LCI pour une durée de deux mois, à la suite d’accusations jugées fallacieuses émises par un consultant de la chaîne contre l’armée malienne et ses alliés russes. Cette mesure, annoncée le 24 août, a été motivée par des déclarations jugées diffamatoires à l’égard des forces armées maliennes.
Selon la haute autorité de la communication (HAC) du Mali, la suspension de LCI intervient après la diffusion le 27 juillet dernier d’une émission intitulée « Wagner décimé au Mali : la main de Kiev », lors de laquelle le colonel Michel Goya, consultant militaire de LCI, aurait tenu des propos jugés dénigrants envers l’armée malienne et ses partenaires russes. La HAC a notamment déploré des accusations infondées d’exactions proférées à l’égard des forces armées maliennes, ainsi qu’un appel à soutenir ouvertement le terrorisme sous couvert de soutien à l’Ukraine contre la Russie.
La décision de suspendre LCI s’inscrit dans un contexte plus large de restrictions de la liberté de la presse au Mali. En effet, depuis la rupture des liens avec la France et ses partenaires européens en 2022, les autorités maliennes ont pris plusieurs mesures à l’encontre des médias français, notamment la suspension de France 24, Radio France Internationale (RFI) et France 2. Cette situation a également conduit au départ de nombreux correspondants de médias étrangers, entravant ainsi la liberté d’expression et d’information dans le pays.
Au-delà des frontières maliennes, la prise de pouvoir par des militaires dans des pays voisins tels que le Burkina Faso et le Niger a également entraîné des restrictions similaires à l’encontre de la presse étrangère. En juin 2023, LCI avait par exemple été suspendue au Burkina Faso après que les propos d’une journaliste sur la situation liée aux violences jihadistes aient été qualifiés de « fausses informations ».
Cette série de suspensions de médias étrangers et de restrictions à la liberté de la presse soulève des préoccupations quant au respect des principes démocratiques et des droits fondamentaux en Afrique de l’Ouest. Les actes de censure et les atteintes à la liberté d’expression fragilisent la démocratie et le pluralisme médiatique dans la région, compromettant ainsi le droit des citoyens à une information libre et diversifiée.
Il est essentiel que les autorités maliennes et celles des autres pays de la région respectent les normes internationales en matière de liberté d’expression et de presse, et garantissent un environnement propice à l’exercice du journalisme indépendant. La liberté de la presse est un pilier essentiel de toute société démocratique, et sa préservation est indispensable pour assurer une information libre, pluraliste et fiable à l’ensemble des citoyens.
En définitive, la suspension de LCI au Mali soulève des questions cruciales quant au respect de la liberté de la presse et de l’indépendance des médias dans