Un « grand coup de filet contre la pédocriminalité », a salué Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur, vendredi 8 décembre, sur le réseau social X. Au cours des jours précédents, 80 hommes soupçonnés de pédocriminalité ont été interpellés à travers le pays. Cette opération d’une ampleur « jamais vue » en France, selon le commissaire Quentin Bevan, chef du pôle opérationnel du nouvel Office des mineurs (Ofmin) de la police judiciaire, qui a coordonné l’enquête.
Ces 80 interpellations ont eu lieu dans pas moins de 53 départements, dont deux d’outre-mer, a expliqué Quentin Bevan à l’AFP. Certains des suspects étaient en train de télécharger des contenus pédocriminels lors de l’arrivée des policiers et gendarmes, tandis que d’autres ont tenté de détruire leur ordinateur « à coups de marteau ». Les suspects ont été placés en garde à vue pour « détention, consultation, diffusion et partage d’images pédocriminelles ». Sur les 51 suspects présentés devant un juge, 13 ont été écroués. Certains ont été condamnés à de la prison ferme en comparution immédiate, tandis que d’autres ont été placés en détention provisoire en attendant leur jugement. Les 38 autres suspects ont été placés sous contrôle judiciaire. D’autres gardes à vue ont été levées en attendant l’exploitation des supports numériques.
Parmi les personnes interpellées, plusieurs étaient déjà soupçonnées ou mises en cause dans des affaires de pédocriminalité. Selon le bilan de l’opération consulté par TF1, six individus « ont révélé un profil particulièrement inquiétant ». Quentin Bevan souligne qu’il n’y a pas de profil type dans la pédocriminalité, avec des individus venant de différentes catégories socioprofessionnelles. Les suspects interpellés ont entre 30 et plus de 60 ans et sont issus de diverses professions, allant de l’élu local au chômeur en passant par l’ingénieur. Les policiers ont visé les profils en contact régulier avec des enfants, ce qui a conduit à l’arrestation de deux professeurs des écoles, d’entraîneurs sportifs et d’un surveillant dans un foyer d’enfants en situation de handicap. Quentin Bevan précise que ces individus n’avaient pas de contacts directs entre eux, mais partageaient des images pédocriminelles sur les mêmes plateformes.
Lors des perquisitions, les policiers ont retrouvé « plus de 100 000 » contenus pédocriminels, des photos et vidéos, chez plusieurs suspects. Ces images étaient stockées dans des ordinateurs, des disques durs et d’autres supports numériques. Les contenus étaient décrits comme « extrêmement violents » par le commissaire Bevan, allant jusqu’à des actes sexuels commis sur des nourrissons ou des enfants abusés avec des animaux.
Gabrielle Hazan, la directrice de l’Ofmin, explique que l’objectif était de cibler les profils les plus dangereux, ceux qui se distinguent par le volume de leurs téléchargements ou la gravité des contenus. Elle souligne qu’en France, plusieurs centaines de milliers d’internautes visionnent et échangent des contenus de nature pédocriminelle chaque année.
Parmi les 80 hommes interpellés, une dizaine sont soupçonnés de viols sur mineurs ou d’agressions sexuelles, selon l’Ofmin. Certains sont accusés d’avoir agressé sexuellement des élèves et possédaient chez eux des photos et vidéos à connotation sexuelle. Le commissaire Bevan souligne le lien entre la détention ou la consultation de contenus pédocriminels et les violences sexuelles, en expliquant que cela peut entraîner une escalade vers des tentatives ou des actes réels sur des enfants.
Martine Brousse, cofondatrice et présidente de l’association La Voix de l’enfant, souligne que derrière ces crimes, il y a des enfants traumatisés non seulement par les actes eux-mêmes, mais également par le partage de ces images. Elle insiste sur la nécessité de détecter ces prédateurs pour sauver des enfants et stopper cette criminalité qui ne cesse de croître.