Une Nouvelle Enquête Relancée sur Joël Le Scouarnec
Le dossier judiciaire entourant Joël Le Scouarnec, ancien chirurgien viscéral, connaît un nouvel avatar. Actuellement jugé à Vannes pour des violences sexuelles perpétrées sur 299 patients, l’ancien médecin fait l’objet depuis le 20 mars d’une enquête préliminaire visant à identifier d’éventuelles victimes supplémentaires. Cette initiative, lancée par le parquet de Lorient, soulève des questions sur les enquêtes antérieures, qui pourraient avoir laissé de côté certaines victimes.
Le bruit médiatique entourant cette affaire est colossal, mais il semble qu’une partie des victimes potentielles n’ait pas encore été identifiée. Selon le parquet général de Rennes, « en dépit des investigations menées, il reste toujours possible que certaines victimes n’aient pu, encore, être identifiées ». Cette déclaration marque une affirmation importante et souligne les lacunes qui existent dans les enquêtes sur des crimes aussi graves que ceux de Le Scouarnec.
L’affaire prend une tournure particulièrement préoccupante, alors que l’ancien chirurgien a déjà été condamné en 2020 à 15 ans de réclusion pour des violences sexuelles sur des enfants. Au cours de son procès, il a reconnu ses actes pour la première fois en intégralité, ce qui a permis de rassembler un certain nombre de témoignages et de preuves. Néanmoins, les « carnets » qu’il a tenus, dans lesquels il a consigné les détails de ses actes criminels, suscitent des interrogations sur leur exhaustivité. Ces documents ont permis d’identifier 332 victimes, dont certaines ont été victimes de faits prescrits.
Manquements et Critiques des Enquêtes Précédentes
Une problématique majeure réside dans le fait que certaines personnes apparaissant dans les carnets n’ont pas été correctement investiguées. Selon un arrêt de la cour d’appel de Rennes, des victimes telles que P. (9 ans) ou A. (13 ans) n’ont pas fait l’objet de recherches spécifiques. Ces omissions, soit dues à des manquements des enquêteurs, soit à un manque de moyens, questionnent l’intégrité de l’enquête.
Des critiques ont également été formulées sur le traitement des victimes par les enquêteurs. La présidente de la cour criminelle a évoqué des « ratés » dans le processus d’enquête, y compris des confusions entre victimes et des erreurs sur les noms. Ces déficiences ont amené des observateurs à remettre en question la rigueur de l’enquête, affirmant que plusieurs victimes auraient pu être écartées « [..] par volonté de boucler l’enquête », comme l’a souligné le journaliste Hugo Lemonier, auteur du livre Piégés, qui revient sur cette affaire.
Les enquêteurs affirment avoir recensé la majorité des victimes mentionnées dans les écrits de l’accusé. Cependant, il semble qu’ils se soient concentrés uniquement sur ces documents, oubliant les récits précieux des autres victimes. Par ailleurs, des témoignages récents indiquent que certaines victimes potentielles n’ont toujours pas été identifiées. Francesca Satta, avocate de certaines parties civiles, a indiqué qu’une de ses clientes n’avait pas été contactée, bien qu’elle figure dans ces carnets. Après un travail de mémoire, cette victime a porté plainte, et Le Scouarnec a finalement reconnu avoir abusé d’elle lorsqu’elle avait 9 ans.
La situation interroge également sur l’éventuelle responsabilité de l’État dans la gestion de cette affaire. Céline Astolfe, avocate à la Fondation pour l’enfance, a souligné qu’il est crucial que les enquêteurs interrogent tous les témo