Depuis les assauts du Hamas en territoire israélien le 7 octobre, les Etats-Unis, allié indéfectible d’Israël, soutiennent la riposte de l’Etat hébreu contre le mouvement terroriste palestinien. Mais face à l’ampleur des représailles israéliennes dans la bande de Gaza, qui ont repris le 1er décembre après une semaine de trêve, les critiques et les appels à un cessez-le-feu immédiat s’enchaînent. « L’administration Biden soutient fermement Israël, alors même que les critiques internationales à l’égard de son opération militaire se multiplient », résume ainsi le média britannique The Guardian.
Cet appui américain, à la fois militaire et diplomatique, génère toutefois de plus en plus de gêne à l’étranger, mais aussi aux Etats-Unis. Critiquée notamment dans le monde arabe, l’administration américaine a donc changé de ton ces dernières semaines, affirmant de plus en plus fort qu’elle cherche à réduire les conséquences de la guerre sur les civils palestiniens. Washington a, en outre, annoncé mardi 5 décembre des sanctions contre des colons israéliens extrémistes responsables de violences en Cisjordanie occupée.
Le soutien inconditionnel des Etats-Unis à l’Etat hébreu est-il en train de faiblir ? Eléments de réponse.
Sans remettre en cause le droit d’Israël « à se défendre » contre le Hamas, les Etats-Unis appellent désormais le gouvernement israélien à « en faire davantage » pour protéger les civils palestiniens dans la bande de Gaza et permettre l’entrée d’aide humanitaire dans l’enclave assiégée depuis deux mois. « Nous continuerons à surveiller ce qui se passe et à faire pression pour qu’ils fassent tout ce qui est en leur pouvoir pour minimiser les dommages causés aux civils », a notamment déclaré mardi le porte-parole du département d’Etat américain, Matthew Miller. « Ils ont besoin de plus d’assistance humanitaire. Ils ont besoin de plus d’eau, plus de nourriture et, à cet égard, nous ne pensons pas qu’Israël en fasse assez », a ajouté le porte-parole de la diplomatie américaine.
Le secrétaire à la Défense, Lloyd Austin, avait également averti le 2 décembre qu’Israël risquait de remplacer « une victoire tactique par une défaite stratégique » en poussant les civils « dans les bras des terroristes », rapporte le New York Times. Des mises en garde et des appels qui vont jusqu’à la vice-présidente américaine, Kamala Harris. Washington a d’ailleurs annoncé une rallonge pour l’aide humanitaire à Gaza. « Les Etats-Unis, par l’intermédiaire d’Usaid, vont fournir plus de 21 millions de dollars d’aide humanitaire supplémentaire aux habitants de Gaza et de Cisjordanie touchés par le conflit en cours, qui a laissé environ 2,2 millions de personnes dans le besoin », a déclaré Samantha Power, cheffe de l’agence américaine pour le développement international (Usaid). Cette somme s’ajoute aux 100 millions de dollars déjà annoncés par le président Joe Biden en octobre.
Conséquence de la pression exercée par les Etats-Unis sur le sujet : Israël a annoncé mercredi qu’il allait autoriser un « supplément minimal de carburant » qu’il juge « nécessaire pour éviter un effondrement humanitaire » à Gaza. Une annonce qui intervient deux jours après l’appel en ce sens de Washington, la diplomatie américaine ayant évoqué des « conversations très franches ». Il s’agit d' »une rare mesure punitive contre Israël », commente le Guardian.
Pour tenter d’enrayer les violences commises en Cisjordanie occupée, les Etats-Unis ont annoncé mardi des sanctions contre les colons israéliens extrémistes accusés d’attaques envers des Palestiniens. « Aujourd’hui, le département d’Etat met en œuvre une nouvelle politique de restriction des visas à l’encontre des personnes soupçonnées d’avoir contribué à saper la paix, la sécurité ou la stabilité en Cisjordanie, notamment en commettant des actes de violence », a déclaré le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, jugeant ces violences « inacceptables ». Cela concerne « des dizaines » de personnes qui se verront interdire l’entrée sur le sol américain, a précisé Matthew Miller, en ajoutant que leurs proches seraient, le cas échéant, également sanctionnés.
Le soutien apporté à Israël depuis le début de la guerre a également divisé l’administration américaine en interne. Mi-octobre, un haut responsable du département d’Etat, Josh Paul, qui travaillait au sein du bureau chargé de superviser les livraisons d’armes aux alliés des Etats-Unis, a fait sensation en démissionnant, dénonçant notamment l' »assistance létale à Israël ». Lors d’un entretien accordé à l’AFP mi-novembre, il a ciblé la politique américaine de livraisons d’armes. « Il était clair – et nous l’avons vu – que [les armes américaines] allaient être utilisées pour tuer des civils », a-t-il dénoncé, fustigeant le manque de « critique » de Washington envers son allié israélien.
Une lettre a par ailleurs été envoyée début novembre par plus de 600 membres de l’Usaid, a rapporté le Washington Post, « exhortant le président Biden à faire pression en faveur d’un cessez-le-feu immédiat entre Israël et le Hamas ». « Les employés de l’agence se sont déclarés ‘alarmés et découragés par les nombreuses violations du droit international », peut-on encore lire. Des « dizaines d’employés » du département d’Etat ont également adressé « des notes internes » à Antony Blinken, rapporte le New York Times, faisant part de « leur sérieux désaccord avec l’approche de l’administration Biden ». « Nous vous écoutons : ce que vous partagez éclaire notre politique et nos messages », leur a répondu le secrétaire d’Etat, toujours selon le quotidien américain. « Le rééquilibrage de la position officielle, ces dernières semaines, avec plus d’attention portée à la détresse des civils palestiniens, est le reflet de cette grogne », avance Le Monde.
L’opposition trouve également un écho dans la population américaine. Des manifestations et des débats à propos de la guerre en cours au Proche-Orient ont éclaté aux Etats-Unis, en particulier sur les campus universitaires. « Les manifestations propalestiniennes sont monnaie courante près de l’enceinte de la Maison Blanche. Et cette semaine, l’une des entrées près de l’aile ouest était couverte d’empreintes de mains rouge vif – destinées à imiter le sang – et de mots comme ‘Génocide Joe' », rapportait ainsi CNN début novembre. Selon un sond