Coup de tonnerre au sein du parti d’Edouard Philippe. Le sénateur Horizons de Loire-Atlantique, Joël Guerriau, 66 ans, est soupçonné d’avoir drogué la députée du MoDem Sandrine Josso. Il a été placé en garde à vue mercredi 15 novembre, a appris franceinfo de source proche du dossier jeudi, confirmant une information de RMC. Sa garde à vue a été prolongée jeudi soir et le sénateur a été mis en examen vendredi pour « administration à une personne, à son insu, d’une substance de nature à altérer son discernement ou le contrôle de ses actes, afin de commettre un viol ou une agression sexuelle » et « détention et usage de substances classés comme stupéfiants », a indiqué l’avocat du sénateur à franceinfo, confirmant une information du Parisien. Le sénateur a été placé sous contrôle judiciaire avec interdiction de se rendre au domicile de la victime et interdiction d’entrer en contact avec les victimes et témoins, a confirmé le parquet de Paris.
Le parti Horizons se réunit samedi pour évoquer cette accusation « effroyable », selon Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique et secrétaire général du parti.
Selon le parquet de Paris, Joël Guerriau est en garde à vue pour « administration à une personne, à son insu, d’une substance de nature à altérer son discernement ou le contrôle de ses actes pour commettre un viol ou une agression sexuelle ».
Selon les propos d’une source proche du dossier à franceinfo, la députée de Loire-Atlantique a raconté aux enquêteurs avoir été invitée par Joël Guerriau à son domicile parisien dans la soirée de mardi. Selon l’avocate de Sandrine Josso, l’élue, « prise de malaises après avoir bu une coupe de champagne », a aperçu Joël Guerriau « se saisir d’un petit sachet en plastique contenant quelque chose de blanc, dans un tiroir de sa cuisine ». « Elle a alors compris qu’il était en train de la droguer à son insu », a affirmé vendredi Julia Minkowski auprès de l’AFP.
Après ce malaise, la députée a décidé de quitter l’appartement. Elle a ensuite déposé plainte. Ses examens médicaux ont révélé qu’elle était positive à l’ecstasy. Elle n’a fait mention d’aucun fait sexuel lors de son audition.
Une confrontation a été organisée vendredi entre le sénateur et la députée. Celle-ci « a permis à [Joël Guerriau] de confirmer avec force sa version des faits, qui ne permet pas à ce stade de l’enquête de caractériser une quelconque infraction. L’enquête se poursuivra comme il se doit », a fait valoir l’avocat du sénateur, Rémi-Pierre Drai, auprès de l’AFP.
De son côté, « Sandrine Josso est toujours en état de choc », selon son avocate. « Elle a dû déployer des forces physiques et intellectuelles monumentales pour surmonter sa terreur et s’extirper in extremis de ce guet-apens. A cela s’ajoute un sentiment de trahison et d’incompréhension totale. Joël Guerriau était un ami depuis une dizaine d’années, en lequel elle avait toute confiance », ajoute-t-elle.
Joël Guerriau a été entendu par les enquêteurs du 3e district de police judiciaire. Lors de la perquisition effectuée à son domicile en sa présence, un sachet d’ecstasy a été retrouvé. Une perquisition a également eu lieu dans son bureau du Sénat, toujours en sa présence. Mais aucune drogue n’y a été retrouvée.
« Sur le fond, je ne donnerai aucune information », a déclaré l’avocat Rémi-Pierre Drai. Ce dernier s’est aussi « indigné de voir que des éléments de l’enquête se retrouvent dans la presse ». « Donc soit le parquet en est responsable et cela me scandalise encore une fois, soit le parquet n’y est pour rien et alors, il doit s’interroger sur l’identité de l’auteur de cette violation et enquêter », a-t-il ajouté.
Christophe Béchu, le ministre de la Transition écologique et secrétaire général du parti Horizons, a réagi vendredi sur France Inter : « Il ne peut évidemment pas rester au sein du parti s’il y a le moindre doute sur la véracité de tout ça. » « Si le moindre de ces éléments est vrai, il devra évidemment en tirer les conséquences. La justice devra être la plus claire possible », a insisté le ministre. « Demain [samedi] matin à 9 heures, nous aurons un bureau politique. Nous aurons l’occasion d’évoquer cette situation », a déclaré Christophe Béchu, ajoutant que « les structures, les accueils, les groupes, les partis au sein duquel [Joël Guerriau] est, prendront toutes les mesures adéquates pour tirer les conséquences logiques d’un tel comportement si c’est avéré ».
Pour l’infraction dont il est soupçonné, Joël Guerriau encourt cinq ans de prison et 75 000 euros d’amende.