Le parcours présidentiel semé d’embûches pour Abir Moussi en Tunisie
L’opposante farouche au président Kaïs Saïed en Tunisie, Abir Moussi, a déposé sa candidature à l’élection présidentielle du 6 octobre prochain malgré les obstacles rencontrés sur sa route. Le dépôt de sa candidature s’est déroulé le samedi 3 août par l’intermédiaire de ses avocats, comme rapporté par des médias locaux.
Les critères pour se porter candidat à la présidentielle sont stricts. Les postulants ont jusqu’à mardi 6 août, 17 heures GMT, pour soumettre leur dossier. Ils doivent obtenir le parrainage de 10 parlementaires, 40 présidents de collectivités locales ou 10 000 électeurs avec au moins 500 signatures par circonscription, une tâche ardue compte tenu du contexte politique actuel.
Une candidate controversée, Abir Moussi est une virulente critique à la fois du président Kaïs Saïed et du parti islamo-conservateur Ennahdha. Âgée de 49 ans, cette ancienne députée a été arrêtée le 3 octobre 2023 devant le palais présidentiel de Carthage. Elle fait face à des accusations graves, dont celle « d’attentat ayant pour but de changer la forme du gouvernement ». Selon son parti, Abir Moussi aurait été arrêtée alors qu’elle s’apprêtait à déposer des recours contre des décrets présidentiels.
Des tensions persistent entre les candidats de l’opposition et les autorités électorales en Tunisie. D’autres personnalités politiques telles qu’Issam Chebbi et Ghazi Chaouachi, qui avaient exprimé leur intention de se présenter à la présidentielle, ont dû renoncer faute d’avoir obtenu une procuration spéciale pour les représenter pendant la procédure.
Les obstacles ne se limitent pas aux candidats individuels. Une dizaine de prétendants sérieux ont récemment dénoncé des entraves à leur liberté de se présenter, mettant en lumière les difficultés rencontrées lors de ce processus électoral.
Des voix se sont également élevées pour dénoncer des « arrestations arbitraires » de candidats et une monopolisation de l’espace public en faveur d’un candidat, au détriment des autres. Des organisations de la société civile, dont la Ligue tunisienne des droits de l’Homme, ont critiqué une autorité électorale qu’elles estiment avoir perdu son indépendance.
La situation politique en Tunisie reste tendue à l’approche de l’élection présidentielle, avec des candidats confrontés à des défis multiples pour se faire entendre et défendre leurs programmes. Malgré les obstacles, Abir Moussi et d’autres figures de l’opposition espèrent pouvoir participer pleinement au processus démocratique, dans un contexte où les critiques et les tensions persistent dans le pays.